Le 5 juin 2019 était organisé l’évènement Agile Lyon par le CARA Lyon (Club Agile Rhône-Alpes). La journée se déroulait à l’IPI HEP sur le campus de HEP Lyon – René Cassin et comptait 300 participants. Le thème était la résilience.

La résilience

La résilience est la capacité d’un système à supporter, à récupérer d’un traumatisme. Elle peut s’appliquer à de nombreux systèmes comme :

  • Un individu
  • Une système d’information
  • Une équipe
  • Une organisation
  • Un écosystème

La résilience désigne la résistance d’un matériau aux chocs1 ; (le « fait de rebondir », du latin resilientia, de resiliens) : la capacité d’un corps, d’un organisme, d’une espèce, d’un système à surmonter une altération de son environnement.

wikipedia

La première que j’ai entendu ce terme, c’était associé au Chaos Monkey de Netflix. On imagine un petit singe dingue qui va malmener le système d’information de la compagnie pour voir comment il s’en sort.

Comme les grands événements internationaux, la journée était découpée en plénière, workshops et présentations mais en français 🙂 L’ensemble se répartissait sur plusieurs salles de l’établissement universitaire sans compter des animations dans le hall (coaching, networking, café :p).

Le matin

La lancement de l’événement était la plénière du couple Darrieumerlou auteurs du livre Oser la transformation permanente.

Laurence a commencé par nous raconter son histoire dans une grande entreprise qui l’a mené vers un burn out. Il était facile de trouver des situations déjà vécues ou rencontrées dans son retour d’expérience. Serge nous a expliqué que les organisations étaient effervescentes et qu’on avait perdu une sérénité/les temps longs. Il enchaine sur les moteurs de l’innovation dont la différenciation qui permet à une entreprise de survivre dans un environnent compétitif. Mais il n’est pas simple d’innover dans un monde complexe. Les décisions sont nombreuses. Avoir une vision aide à prendre des décisions car ça fournit un cap. Elle permet aussi d’avoir un déclencheur du changement autre que la « burning platform » de Kotter. Serge parle d’une « dreaming platform » inspirante et fédératrice. Pour parcourir le chemin vers cette « dreaming platform », on peut faire confiance à l’intelligence collective (1+1 = 3). Une vision coconstruite génère de l’énergie.

Il présente un modèle basé sur des horizons (à rapprocher d’une pratique qu’on retrouve dans le nouveau LPM de SAFe)

  • H1: Activité constante
  • H2: Améliorer ce que je fais déjà, innovation incrémentale
  • H3: Se ré-inventer

L’entreprise doit trouver le % de temps à investir sur chaque horizon.

D’autres concepts étaient présentés par ses 2 orateurs qui m’ont assez plu.

La deuxième plénière animée par l’association 60 000 rebonds avec 2 retours d’expérience.

Cette association vient en aide à des entrepreneurs ayant fait faillite avec leur structure. Elle s’assure que l’expérience acquise puisse être valorisée. Il y a toujours un problème avec l’échec en France. Parmi les outils utilisés par l’association, on trouve le coaching, le parrainage, les groupes de discussion.

Le premier orateur est poignant, on peut sentir la passion de l’entrepreneuse pour son projet. Elle nous partage les états mentaux qu’elle a parcourut afin de sortir du traumatisme de la liquidation judiciaire qui a frappé son projet. Le second est troublant. On peut sentir les vestiges de l’énergie employée à faire fonctionner cette affaire.

A emporter:

  • Le stress bloque les émotions
  • Savoir relever la tête dans le situation difficile

L’après-midi

Après un déjeuner riche en rencontre, je me rends à la conférence « Les funérailles des méthodes agiles ». Alexandre Boutin nous présente son expérience dans l’implémentation des méthodes agiles et nous partage son regard après plus de 10 ans de pratique. Il est déçu de l’évolution des méthodes agiles et des frameworks pour 5 raisons :

  • Habitude: les gens pensent qu’ils vont trouver une solution clé en main
  • Protection : les gens rejettent la faute sur la méthode
  • Mimétisme : les gens l’appliquent sans discernement sous prétexte que le voisin le fait
  • Simplicité : les gens pensent que c’est facile de mettre en place une méthode
  • Méconnaissance : les gens cherchent à s’appuyer sur des sachants sans tester par eux-mêmes

Son avis, il faut garder les méthodes agiles en tant que moyen et non finalité. Il promeut l’application de pratiques plutôt que de méthodes ou de frameworks et termine avec d’autres approches des méthodes agiles comme : Openspace agility, Modern agile, Agilefluency, Heart of agile et Agnostique agile.

La conférence suivante est animée par Esther Kornexl de ThiagiGroup

Elle nous livre ses 12 (+2) conseils pour augmenter sa résilience. La session est assez interactive et résiste à l’après déjeuner dans la salle de cours bondée. Ses 12 conseils sont des serious games assez amusants et déstabilisants. Ils sont suivis de courtes leçons. Quelques exemples:

  • « Persister sagement mais pas aveuglément » (jeu des 5€)
  • « Planifier mais jeter le plan »
  • « Changer de point de vue » (jeu de l’horloge)

A trop discuter avec mes voisins, je n’ai plus de place dans les sessions que j’avais initialement choisie. Quelle chance, les deux se révéleront captivantes et bouleversantes.

La première avec Damien Thouvenin de l’entreprise Goood intitulée « Entreprise Agile ou Durable ». L’approche me plait beaucoup puisque le présentateur commence avec le Test Driven Presentation (TDP). Il expose les éléments qu’ils souhaitent que nous comprenions pour que sa présentation soit un succès.

Il commence par nous présenter sa définition d’une entreprise agile :

  • Comprendre et accepter ce qu’on contrôle, influence, se préoccupe
  • Renverser la pyramide delay, cost, scope, quality pour ne fixer que delay et cost
  • Choisir épuré (MVP)

Faire pour apprendre, faire avec l’autre, faire peu (nécessaire, suffisant)

La suite de la démonstration s’appuie sur le livre « Valoriser le capital immatériel de l’entreprise » de Alan Fustec (Goodwill) avec la matrice « rentable vs responsable » et d’un rapport du groupe « The Shift Project » qui montre que l’usage d’internet est la cause de nombreuses émissions de CO2.

Enfin, il connecte le capital immatériel avec sa définition d’une entreprise agile.

Le vrai actif d’une entreprise est sa capacité à recréer des positions.

Damien Thouvenin

La seconde session avec 2 designers (Marie-Cecile Godwin Paccard et Thomas Di Luccio) de Common Future(s) s’intitule « Façonner des futurs désirables ».

La présentation est super dynamique et il vaut mieux car le contenu est terrifiant. Nous sommes rentrés dans l’ère de l’anthropocène. Basé sur de nombreuses ressources officielles, ils ont simulé des futurs :

  • Le premier scénario « si rien ne change » se traduit par la mort de 90% de la population humaine de la planète d’ici 50 ans.
  • Le second scénario « GAFAM » consiste à attendre une solution des plus grosses sociétés (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft). 4 Milliards d’individus pourraient survivre avec des algorithmes qui contrôlent beaucoup de choses de nos vies comme la possibilité ou non d’avoir des enfants.
  • Le troisième scénario « collaboration d’état » avec le développement de technologie pour refroidir les cotes et les villes.
  • Le dernier scénario consisterai à poser tout ce qui est carbone immédiatement et changer drastiquement notre manière de consommer et de vivre afin de pouvoir se partager la planète durablement.

Ils étendent la réflexion sur le domaine du design avec des approches tenant compte des problématiques liées au climat.

Cette dernière présentation était assez bouleversante. Si vous doutez encore de la situation et de l’urgence climatique, je vous encourage à regarder leur projet et leurs sources :

Pour terminer…

Tout le monde se retrouvait dans la salle principale pour un « au revoir » simple, plein de bienveillance, d’énergie et de bonheur. Une superbe journée.